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LE JARDIN DU BIEN ÊTRE
13 février 2014

Le goût, toucher intérieur

CHAT LAIT

Goûter n'est pas un acte insignifiant. Il est le miroir saisissant de nos états d'âme et reflète nos sentiments intimes : il est le révélateur dérangeant de nos émotions profondes.

Souvent notre manière de goûter nous dénonce, nous dévoile car nous ne savons pas mentir à notre goût : il nous met à nu. Il est toujours plus aisé de voiler un regard, détourner une main que de dérober notre penchant. Si nous n'aimons pas quelque chose, instantanément notre corps peut avoir des haut-le-cœur, des vertiges et des écœurements, nous donnons du corps à notre dégoût. 

Le goût nous engage, nous affirme de façon osée. Nous faisons la fine bouche, goûter la vie n'est pas si simple. Se laisser toucher par la flaveur des sens, savoir apprécier l'instant présent comme s'apprécier demande du cœur et de l'abandon. S'abandonner à ce que nous goûtons est offrande et délectation. Mais combien d'entre nous se gardent, contenant l'eau qui nous vient à la bouche, préférant devenir langue de bois et résister à la gâterie ?

Nos craintes, nos timidités comme nos retenues nous font dériver vers la fadeur et l'insipide, quite à éprouver des aigreurs et bien des amertumes. Nous n'osons pas nous laisser aller aux friandises de la vie, il est difficile quelquefois de savourer la douceur du sentiment, la caresse de l'arôme.

Intime, évanescent, exclusif, indéfini, le cœur de notre goût repose dans le palais de notre mémoire. Il relève la saveur du cœur, le moi profond de l'être. Il nous flatte, nous met en bouche, nous avons cœur à…, nous avons goût à … Nous goûtons à l'état de joie et de plaisir. Mais gare à la faute de goût, nous pouvons, tout aussi vite que la délectation était venue, perdre la saveur de vivre. Le cœur se tourmente, le goût se trouble, il s'échappe refusant de manger la métamorphose. Il s'étiole, se pâme, vient à manquer. L'appétit fuit, le désir s'enfuit, le corps se déserte, l'existence se fait amarescente. Nous avons désappris le goût de la vie...

Sylvie Verbois

(Les fruits Santé, Ed. Delville, 2005)

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