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LE JARDIN DU BIEN ÊTRE
11 novembre 2012

Spécificités de la pensée âyurvédique

Thérapie holistique avant l’heure, l'Âyurveda transige et n'oblige pas car elle pense l'être humain suffisamment mature pour prendre en main sa propre vie. Elle conseille, accompagne, suggère, propose des chemins de réflexion, s’appuyant sur le fait que chaque être humain est totalement responsable de sa vie et par conséquent de sa santé : « La morale de l’histoire est élémentaire : si l’on aspire au bonheur, il convient d’enrayer la maladie par l’emploi de médecines, avant l’apparition des troubles ou, tout du moins, dès les premiers symptômes. »[1].  

Médecine divine et révélée, elle explore le matériel (corps) et le spirituel (âme) les unissant en une pensée lumineuse et qui n’a cesse de clamer que l'être est l'Absolu, et préconise une voie d’écoute, d’implication et d’engagement de chacun pour son mieux-être. Sa pérennité confirme qu’elle a su pénétrer le cœur de la vie, décrypter l’être humain dans son entièreté et démontrer que, sans le support de la Nature et du Divin, l’existence n’a pas de sens.

 

Le chemin de la santé 

 

lotus 2 fleurs

L’Âyurveda a une vue extrêmement précise de ce qu’est la bonne santé et préconise un certain nombre de mesures pour y parvenir. Dans la CharakaSamhitâ, on peut lire : « La bonne santé (âyus) se résume à la parfaite harmonie du corps, des organes sensoriels, du mental et du Moi (âtman). On lui connait quelques synonymes tels : conservation (dhâri), vie saine (jîvita), équilibre contant (nityaga), durée (anubandha). »[2]. Il est souligné que le terme « santé » renferme trois expressions synonymes : «  la persistance de la conscience introvertie (cetanâvrtti), le mouvement naturel de la vie (jîvita), le flux ininterrompu d’énergie (anubandha). On y ajoutera tout ce qui permet au corps de survivre (dhâri). »[3]. Dépassant de très loin notre approche de la santé, cette définition augure l’ouverture d’esprit avec laquelle la conscience thérapeutique et le soin préconisé réfléchissent la maladie et l’être en souffrance.

 

Médecine de prévention et d’harmonisation

Dès son origine, l'Âyurveda propose une hygiène de vie générale et définit des règles de vie adaptées à chacun tout en respectant les rythmes biologique, énergétique ou saisonnier. Elle restaure l'équilibre entre l'être et son milieu, l'esprit et le corps souvent en bataille : entre corps-matière (charnel) et corps-intérieur (spirituel). Elle insiste particulièrement sur l’harmonisation de l’être avec son milieu ambiant et l’univers, préconise le renforcement des défenses naturelles permettant au corps de réagir directement au moindre signe et souligne l’importance de la prévention. Prévenir et anticiper facilite l’application des soins et encourage la guérison. Ainsi, la recherche du bien-être se révèle être essentiel pour parvenir à l’harmonisation intérieure, comme prêter attention à l’énergie du souffle (prâna), car c’est avec lui que toute vie commence : il doit donc être protégé afin de protéger la Vie. D’autres recommandations viennent parfaire cette approche : être et demeurer en harmonie avec l’ordre universel (dharma) et avec Soi (conscience) ; viser la perfection dans la gestion des richesses (artha[4]), entreprendre une activité : le confort matériel est utile, et le travail un moyen de subsistance nécessaire à l’existence ; veiller à la juste perception sensorielle, rester attentif aux sens (kâma[5]) et les contrôler si nécessaire ; conserver une vue adéquate en fonction des situations rencontrées ; se libérer de la dualité,… : « L’esprit (où domine le sattva), le Soi dans l’individu (âtman) et le corps constituent la triade définissant l’être vivant. La personne ayant pris pleine conscience de cette unité est alors l’Homme essentiel (purusha ou pums), le vrai réceptacle de ce Veda. C’est en cet être-là que l’Âyurveda se manifeste dans tout son éclat. »[6].

 

  • Responsabilité

Pour la pensée âyurvédique, chacun est entièrement responsable de son état de santé. En effet, tout procède de l’être, de son homogénéité comme de sa concordance intérieure, et provient de sa verticalité, c’est-à-dire de l’entente naturelle entre les quatre Moi (1er çakra) et le Soi (çakra supérieurs) : ses racines et sa cime. Le moindre désaccord faisant naître un différend à l’intérieur du corps, veiller à ce que l’accord entre esprit, psychisme et âme soit préservé, se révèle donc primordial. Cet accord est toutefois fragile et dépend, pour une large part, de la façon dont l’être appréhende son existence, de son comportement et de sa sensitivité.

 

  • Harmonie

Le désir de vie (avoir goût à la vie) et l’espoir vital sont facteurs spontanés d’équilibre. Bien se nourrir, être attentionné à ce que l’on absorbe, pense et ressent favorise la plénitude et suscite la cohésion entre les différents composants de l’être : « Ce que l’on considère comme salutaire ou sain (pathya) se résume à ce qui ne nuit pas au corps et se trouve en accord avec nos besoin, selon le tempérament de chacun. »[7]. L’une des bases pour préserver l’harmonie est de s’alimenter en conscience c’est-à-dire être attentif au Soi (âtman), savoir entendre les réels besoins du corps sans les réprimer, s’entretenir avec attention, prendre plaisir à la vie et déguster ce qu’elle offre, mener une existence saine en accord avec sa nature, ainsi : « Celui qui mange sainement et contrôle sa vie et sa santé vivra trente-mille nuits (c'est-à-dire cent ans)… »[8].

 

  • Système immunitaire

L’Âyurveda prête une attention toute particulière à la qualité de vie, l’alimentation, l’hygiène personnelle et l’entretien du corps. Préserver l’immunité et renforcer journellement les défenses naturelles du corps est l’un de ses impératifs premiers. Pour ce faire, les aliments, notamment les épices, contribuent largement à la protection et au soutien du système immunitaire. En effet, si l’on apporte une alimentation insuffisante, l’immunité régresse. Les excès en tous genres : exercice physique, jeûne, réactions émotionnelles trop vives, trop manger, etc. sont considérés comme néfastes et abîmant les défenses naturelles. La diététique âyurvédique insiste grandement sur ce point et se montre extrêmement vigilante sur les qualités nutritives et l’état d’esprit avec lequel elles sont absorbées par le corps.

 

Prévention

La prévention est l’un des fers de lance de l’Âyurveda. Si l’on anticipe aux altérations éventuelles, à partir de l’instant où l’on connait son corps, son mode réactionnel et sa capacité de défense, il est tout à fait possible de devancer la maladie comme de se prémunir des agressions potentielles provenant de facteurs extérieurs (climatique, environnemental, existentiel), ou tout du moins, en atténuer l’incidence voire adoucir les effets. Pour cela, l’Âyurveda possède de nombreuses méthodes adaptées à chacun : régimes (diètes, jeûne, cures), rééquilibrage alimentaire, massages, yoga, méditation, écoute et accompagnement spirituel, etc.

Sylvie Verbois
(La médecine indienne, Ed. Eyrolles, 2009)


[1] CharakaSamhitâ, Section I, chapitre XI, [56-63].

[2] Section I, chapitre I, [41-42].

[3] Section I, chapitre XXX, [22].

[4] Artha (masculin) : but, cause, motif ; avance pratique, utilité, récompense ; chose, objet ; fait, réalité ; propriété, biens ; affaire, cas ; sens, signification ; membre viril.

[5] Kâma (masculin) : désir, amour, passion ; objet du désir, de l’amour ; Dieu de l’amour.

[6] CharakaSamhitâ, Section I, chapitre I, [46-47].

[7] CharakaSamhitâ, Section I , chapitre XXV, [45-47].

[8] CharakaSamhitâ, Section I – chapitre XXVII, [348].

 

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